Entrepreneure, pharmacienne, actrice, présentatrice de l’émission, « SOS Solitude », Caelle Edmond Jean-Baptiste est l’une des voix les plus populaires de la bande F.M. Depuis 2008, tous les vendredis soir, dès 10h p.m,. elle est à l’antenne pour écouter et débattre des peines de cœur de tout un chacun. Qu’il pleuve, qu’il tonne, qu’il vente, l’ancienne présidente du Rotary Club Delmas-Aéroport, qui a choisi de se mettre au service des autres, se fait l’apôtre du bonheur, communiquant joie de vivre et espoir à une audience fidèle qui a crû au fil des ans.
Demandez-lui de ses nouvelles, elle vous sortira sans hésiter sa phrase fétiche : « Divinement bien ! » Une partie de son monde aurait beau s’écrouler, cette réponse ne changerait pas pour autant. En tout et partout, Caelle Jean-Baptiste a décidé de voir le verre à moitié rempli plutôt qu’à moitié vide. C’est une philosophie de vie, un mantra qu’elle a adopté et qui guide ses actions.
Ancienne élève des Sœurs de Sainte-Rose de Lima et du Centre Classique Féminin, Caelle Edmond grandit à Port-au-Prince dans une famille de 5 enfants. Dès l’âge de 11 ans, elle commence à aider sa mère anesthésiologiste qui tenait aussi une pharmacie. Après ses études classiques, Caelle s’oriente vers la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université d’État d’Haïti (UEH) où elle décroche une licence en pharmacie.
Un peu plus tard, marchant sur les brisées de sa mère, elle ouvre sa propre enseigne, la Pharmacie du Bon Berger. « C’est dommage qu’après 43 ans, je suis actuellement en train de penser à fermer », déplore la présentatrice, qui a élu domicile aux États-Unis depuis quelque temps en raison de la situation chaotique que connaît le pays actuellement. En effet, comme pour beaucoup d’entreprises logées au centre-ville, les affaires ne marchent presque plus. Les clients se raréfient, le personnel peut difficilement être sur place et l’environnement sécuritaire de plus en plus fragile. Si elle a tenu bon après le séisme du janvier, rien n’est aujourd’hui plus certain.
Le courage au travers des épreuves
De temps à autre, son rire égaie l’atmosphère et casse la monotonie des conversations. À l’entendre, on croirait que tout est toujours rose pour elle. Que nenni ! Son optimisme triomphant dévie les balles courbes que la vie semble lui lancer une à une… comme, par exemple, la mort de son fils en 1998. Il s’appelait Bertrand et n’avait que 17 ans. « Le départ de mon fils m’a plongée dans une douleur incommensurable. Une douleur dont on ne soupçonnait pas l’existence et pour laquelle on n’est jamais préparé. Cela fait à présent 25 ans, mais il ne se passe pas une journée sans que je n’y pense. La peine est toujours là, il suffit d’un détail, d’un souvenir pour tout faire basculer. Il y a des douleurs que l’on n’oublie pas, on vit avec. On continue d’avancer malgré tout. Quand c’est arrivé, j’ai demandé “Dieu, pourquoi moi ?” Mais à présent quand j’y pense, je me dis “si ce n’était pas moi, ce serait qui d’autre ? Qui d’autre aurais-pu vouloir vivre cette situation ? », explique celle qui a dû se construire un mental d’acier pour ne pas vaciller au travers de ces difficultés.
Deux enlèvements suivis de séquestration en 2020 et 2022, de grands soucis de santé n’ont pas eu raison de son courage à toute épreuve. « Lors d’un accouchement, une incision involontaire dans la vessie à provoqué des complications énormes. On a été obligé de me recoudre la vessie. C’était très pénible, mais je suis sortie vivante et me suis rétablie complètement », explique Caelle, stoïque, consciente d’être une petite protégée de Dieu. Pour cette femme qui pose un regard empreint de sagesse sur les choses, « la vie est faite de hauts et de bas. Les bas sont très difficiles et compliqués, mais quand ils arrivent, on doit surtout trouver le courage pour les surmonter en attendant que les bons jours arrivent », philosophe-t-elle.
Alors, bon an mal an, elle garde le sourire et la bonne humeur. « En 2022, il y a eu d’abord cet enlèvement dont beaucoup ont entendu parler. Je suis restée près de neuf jours entre les mains des ravisseurs sans mes médicaments. Mais j’ai eu la chance de m’en sortir, alors que d’autres personnes avec le même tableau clinique avaient tout simplement succombé suite à cette expérience. Par la suite, sans raison apparente, j’ai eu de l’eau dans un genou. Il y avait un microbe présent et ceci a occasionné une septicémie qui aurait pu être fatale. Outre une opération en urgence, je me suis retrouvée hospitalisée puis traitée par une antibiothérapie par voie intraveineuse. Aujourd’hui, quand je regarde le déroulé de ma vie, j’adore énormément cette puissance divine qui me garde. Je suis consciente d’être réellement un miracle », confie Caelle Jean-Baptiste, qui a aussi subi les affres de la Covid-19.
La vie est faite de hauts et de bas. Les bas sont très difficiles et compliqués, mais quand ils arrivent, on doit surtout trouver le courage pour les surmonter en attendant que les bons jours arrivent .
Mais comment passe-ton au travers de ces obstacles, sans se refermer ou devenir amère ? Comment continuer à afficher un sourire, offrir une main tendue à l’autre, sans jamais se décourager ? « J’ai un premier principe qui est sacré pour moi : je ne baisse jamais les bras. Je peux, l’espace d’un cillement, paniquer face à une situation ; mais au bout d’un moment, je reprends mes sens et me demande comment je vais faire pour m’en sortir, pour trouver une solution. Ce sont les résultats qui comptent pour moi », déclare la battante. Fervente croyante, elle se réfugie de temps à autre dans la prière. « J’estime qu’il y a des situations que je ne pourrai jamais affronter seule. Alors, quand ces cas se produisent, je fais appel à Dieu pour un coup de main. Je me préoccupe de ce qui est en mon pouvoir et je le laisse agir. Même Jésus avait trouvé Simon de Cyrène pour l’aider à porter la croix ! Je crois qu’il y a toujours des Simon de Cyrène ici-bas. Je ne me plains pas et bien entendu, j’adore aider les autres », explique Caelle Jean-Baptiste, qui dévore les livres de développement personnel ainsi que les guides d’auteurs spirituels pour se ressourcer.
Une voix au service des autres
Aider les autres, voilà un peu un aspect qui est capital pour Caelle Jean-Baptiste et qui justifie sa présence à l’antenne. Cette actrice haïtienne, qui compte près de dix films au compteur, est toujours fidèle au poste. Certes, dans le temps, on l’a entendue sur Magik Stereo ou Energie FM. On l’a vue sur la Télévision Nationale d’Haïti, aussi bien que sur Canal Bleu avec l’émission « Sincèrement vôtre ». Mais depuis qu’elle a posé ses bagages sur le 94.5, la Radio-Télévision Caraïbes, le 23 mars 2008, pour sa fameuse émission « SOS Solitude », tous les vendredis soir entre 10 h p.m. et 2 h a.m., elle n’a jamais eu envie de s’arrêter.
C’est pour Caelle un devoir. « Cette émission me tenait vraiment à cœur. J’avais réellement envie de venir en aide à ceux qui souffrent, ceux qui se retrouvent désespérés après une épreuve sentimentale ou émotionnelle et qui ont besoin d’une oreille attentive, de quelqu’un pour les aider à porter ce fardeau. Je voulais que cela soit un vendredi, parce que je pense que pour beaucoup, la solitude des vendredis soir est pénible. Après toute la fatigue accumulée au cours de la a semaine, c’est le moment le plus dur à supporter, un soir où l’on peut se sentir vulnérable, avec le moral à plat », avance la présentatrice.
Au fil des ans, elle s’est bâti une audience et attiré la sympathie et l’amour de milliers de fans de tous âges. De la radio, elle est aussi passée aux plateformes de réseaux sociaux comme Instagram, TikTok, YouTube et Facebook où elle a plus de 64 000 suiveurs, Aucun sacrifice n’est trop grand pour cette femme née un 5 août, qui traite son auditoire un peu comme sa famille. « J’aime parler aux gens. J’aime les écouter. J’aime les conseiller afin qu’ils aillent mieux. Ce que l’on voit à la radio, c’est seulement un dixième de ce que je fais. Certaines fois, après l’émission, je les appelle pour faire des suivis personnalisés avec eux. Je les assiste, pendant des jours, des mois ou même des années pour les aider à s’en sortir ; et ceci gratuitement. On serait étonné d’entendre les drames auxquels les gens sont confrontés. Des fois ce sont des cas de suicide. Certains jours il m’arrive de ne pas pouvoir m’endormir le soir après avoir écouté les problèmes de quelqu’un. Il y a des situations tellement difficiles ! Mais c’est un travail que je fais avec beaucoup d’amour et qui m’apporte beaucoup de satisfaction », explique celle qui à présent passe les trois quarts de ses journées au téléphone, à lire les histoires des gens et à les conseiller, à être cette petite étincelle qui les empêchera de broyer du noir.
Convaincue de la nécessité de son travail, elle ne rate jamais l’occasion de se présenter à la radio un vendredi soir. Comme la présentatrice le dit, elle n’a pas de jours fériés. « Les gens le savent, je les aime énormément. Quoi qu’il arrive, je serai toujours, là, disponible pour eux. Quand c’est difficile, je transcende, pour être présente. Et je ne le regrette jamais. Il y a toujours un appel à l’aide, une personne qui va me solliciter, et qui à elle seule justifiera mon déplacement », raconte-t-elle visiblement passionnée. Certains peuvent penser que c’est un travail superflu ou superficiel. Mais demandez-donc à une personne qui vient de vivre une rupture amoureuse brutale, elle vous dira à quel point une voix comme Caelle, au bout de l’antenne, un vendredi soir, peut sauver une vie.