À peine sortie de l’adolescence, Greta Thunberg a déjà sommé les grands de ce monde pour qu’ils prennent leur responsabilité envers la planète. Sur la tribune des Nations Unies, dans les assemblées nationales ou au Forum économique mondial de Davos, la jeune militante écologiste suédoise tire la sonnette d’alarme sur la crise climatique. Depuis 2015 qu’elle a embrassé cette cause, elle appelle à l’action, à l’engagement pour un avenir sans dangers, pour notre avenir.
Figure emblématique de la lutte contre le changement climatique, Greta Thunberg est la preuve incontestable qu’il n’y a pas d’âge pour s’engager pour une cause que l’on croit noble. Le signe que le changement peut commencer à partir d’un individu, d’une voix. « Nul n’est trop petit pour faire la différence », clame-t-elle d’ailleurs. Sacrée Personnalité de l’année en 2019, elle est, en très peu de temps, devenue l’image de cette jeunesse consciente, sensibilisée qui ne veut plus être qu’un simple observateur tandis que se discute son avenir.
Pour Greta Thunberg, tout commence en août 2018. C’est l’été le plus chaud qu’ait jamais connu la Suède depuis deux siècles. Alarmée, Greta Tintin Eleonara Ernman Thunberg, lauréate en mai 2018 d’un concours de texte sur le climat, ne peut plus rester indifférente. Le 21 août, au lieu de reprendre le chemin de l’école à la rentrée des classes comme la plupart de ses camarades, elle décide de camper seule devant le Parlement suédois, munie de sa pancarte « Grève de l’école pour le climat » (Skolstrejk för klimatet). Elle y reste jusqu’aux élections du 9 septembre, espérant attirer l’attention des candidats, qui, estime-t-elle, n’ont dans leur programme aucun plan pour adresser les conséquences du changement climatique sur la planète. Une grève qu’elle continuera par la suite tous les vendredis, d’où le hashtag “#FridaysForFuture” qui devient viral.
En seulement trois mois, Greta, 15 ans, acquiert de l’influence sur les réseaux sociaux et dans d’autres espaces. Son geste est propulsé dans les médias internationaux. Son message, qui se propage rapidement, trouve écho chez des milliers d’élèves dans plusieurs pays, tels que l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Australie. Des jeunes qui eux aussi se décident à se rassembler devant leurs Parlements régionaux, pour protester contre l’inaction des politiques contre le réchauffement climatique.
Dès lors, les plus grands podiums mondiaux l’accueillent. Le 3 décembre 2018, à l’ouverture de la Conférence mondiale pour le climat (COP24), elle rencontre le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres à Katowice, en Pologne. Tandis qu’elle se déplace dans de nombreuses villes d’Europe, des milliers de personnes font le déplacement pour ovationner ses discours. L’Élysée l’a reçue en juillet 2019, et elle s’est adressée à l’Assemblée nationale française, aussi bien que devant le Parlement britannique en cette même année.
Pour Greta, la plus grande crise à laquelle l’humanité ait fait face, c’est la question du changement climatique. Les actions pour remédier à la situation ne peuvent pas attendre. « Certaines personnes disent que nous devrions étudier pour devenir chercheurs sur le climat, afin de pouvoir résoudre la crise climatique. On a les outils pour la résoudre. (…) Pourquoi devrions-nous étudier pour un futur qui n’existera bientôt plus, alors que personne ne fait rien pour le sauver ? », lance-t-elle devant un public de 10 000 personnes à Helsinki.
Prêchant aussi par l’exemple, la jeune écolière, qui s’est glissée dans le classement des 100 femmes les plus influentes au monde de Forbes, change ses habitudes. Ses parents aussi se sont mis au vert. Sa mère Malena Ernman, chanteuse d’opéra et son père, Svante Thunberg, dirigeant d’une boîte de production, circulent en voiture électrique depuis 2015 et ne mangent plus de viande, par souci de réduire leur empreinte carbone. Madame a même mis en veilleuse sa carrière d’artiste internationale car elle s’interdit de prendre l’avion. D’ailleurs, en août 2019, pour se rendre au Sommet sur le climat de l’ONU à New York, elle abandonne l’idée de voyager en avion, pour faire la traversée de l’Atlantique à bord de l’Imoca “Malizia II, un bateau très écolo, à la fine pointe de la technologie, mais qui ne produit aucune émission de carbone. Il est certes évident que le commun des mortels peut ne pas en faire autant tout de suite. Cependant, la jeune activiste veut non seulement rester cohérente, mais aussi montrer qu’un changement est possible si le monde s’y engage vraiment.
Si ses convictions sont supportées par les données scientifiques actuelles, Greta Thunberg n’est pas pour autant à l’abri des polémiques ou des critiques. Pour beaucoup, elle est trop jeune, use trop du registre de la peur, est téléguidée par des lobbys verts ou instrumentalisée par des écolo-catastrophistes. On utilise même le fait qu’elle soit atteinte du syndrome autistique. Mais Greta, toujours, a revendiqué le fait de pouvoir penser par elle-même. « Beaucoup de gens aiment répandre des rumeurs disant que j’ai des gens ‘derrière moi’ ou que je suis ‘payée’ ou ‘utilisée’ pour faire ce que je fais. Mais il n’y a personne derrière moi, sauf moi-même. », répond-elle à ses détracteurs. Elle se défend aussi d’être payée pour faire ce travail. « Je fais ce que je fais complètement gratuitement, je n’ai reçu aucune somme d’argent ni aucune promesse de paiements futurs, sous quelque forme que ce soit. Et personne lié à moi ou à ma famille ne l’a fait non plus ».
Sans céder aux arômes de la célébrité et les multiples prix qui lui sont décernés, la Stockholmoise, qui a vu le jour le 3 janvier 2003, ne lâche pas l’affaire. « Si nous prenons le dernier rapport du GIEC [le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] un tout petit peu au sérieux, nous devons immédiatement commencer à agir comme si nous voulions faire face à la crise dans laquelle nous nous trouvons », rappelle celle dont le nom est proposé en 2020 pour le prix Nobel de la paix. Le 27 octobre 2022, elle publiait «Le Grand Livre du climat», qui rassemble les contributions de plus de 100 scientifiques et autres sommités du domaine, ainsi que les expériences personnelles de l’activiste. «Je veux utiliser ma plateforme pour communiquer la réalité de la crise climatique – pour donner une image globale de la façon dont le monde change et de ce que nous devons faire pour y remédier», confiait Greta Thunberg en marge de cette publication, dont les droits d’auteur seront versés à des œuvres caritatives.
Présente au Forum économique mondial de Davos au mois de janvier 2023, Greta Thunberg a encore une fois fait une entrée remarquable, comme en 2020 où elle était, avec le président américain Donald Trump, l’un des deux invités stars. Celle qui se fait la porte-parole de la jeunesse mondiale a pointé du doigt les géants du pétrole et du gaz qui « privilégient la cupidité » plutôt que l’action. Sans ciller, elle a affirmé que Davos était « l’endroit où sont les gens qui alimentent le plus la destruction de la planète, les gens qui sont en plein cœur de la crise climatique, les gens qui investissent dans les énergies fossiles. « Ces gens iront aussi loin qu’ils le pourront, et aussi longtemps qu’ils le pourront tant qu’ils s’en sortent. Ils continueront à investir dans les énergies fossiles, ils continueront à sacrifier les gens pour leur propre profit. » a-t-elle lancé, réclamant encore une fois une action urgente envers le climat, car la maison brûle !
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