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Madame l’ambassadeur Dominique Dupuy

A

ctuelle déléguée permanente d’Haïti auprès de l’Unesco, l’ambassadeur Dominique Dupuy brille par son sens de l’action et son dynamisme. Depuis sa prise de fonction en novembre 2020, cette femme qui siège au sein du Conseil exécutif de l’Unesco jusqu’en 2025 fait tout pour mettre en valeur Haïti. Après l’inscription de notre « soup joumou » sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, son combat pour l’intégration de femmes telle que Catherine Flon comme personne ayant eu un impact sur l’humanité, elle vient de soumettre la candidature de la cassave. Pour elle, il est important qu’Haïti lance un nouveau signal non seulement aux Haïtiens, mais aussi au monde entier. 

Dominique Dupuy est une de ces rencontres qui passent rarement inaperçues. Entre sa jeunesse, sa vivacité d’esprit et son intelligence, on ne sait pas ce qui frappe le plus. Mais un fait est certain, c’est une femme de pouvoir, élégante comme elle seule, méticuleuse et exigeante, qui essaie de faire la différence. Un de ces êtres qui veulent tout de la vie et qui sont prêts à en payer le prix.

Née à Port-au-Prince, Dominique Dupuy grandit au Cap-Haïtien, avant de partir pour Montréal à l’âge de 13 ans. Après des études en développement international à McGill University, elle revient en Haïti après un programme de spécialisation dans le traumatisme de la migration à Lancaster, en Angleterre. 

Installée dans sa cité christophienne natale, en décembre 2012, elle assume aux côtés de sa sœur, Régine, la gestion de l’Auberge familiale. Les deux alternent déplacements au Canada et responsabilités en Haïti jusqu’au décès de leur mère atteinte de leucémie. « L’hôtel va se transformer en point d’ancrage, en socle à partir duquel je vais exprimer mes vrais élans, qui ont toujours été des élans citoyens, communautaires ». Très active, elle est membre de structures telles que la Chambre de commerce, mais aussi l’Organisation pour la gestion de la destination Nord (OGDNH), au sein de laquelle elle s’implique aux côtés des artisans, des peintres, et d’autres membres de la communauté culturelle. 

Alors que l’auberge familiale bat de l’aile, les choses ne sont guère faciles pour cette femme qui doit tout faire pour redresser la situation financière. « La  première réalité est que je retourne en Haïti comme jeune femme provinciale, qui se retrouve en tête d’une entreprise dont la situation financière est assez difficile. C’est un milieu dominé par les hommes. Ce qui va me frapper, c’est le nombre de portes qui vont être claquées à mon nez en me disant que si mon papa n’est pas présent, on ne peut pas me recevoir, par exemple. À 22 ans, je vais être confrontée au fait que j’ai les responsabilités d’un homme de 40 ans, mais que la société ne veut pas me voir comme telle. La société me rappelle sans cesse que je suis une femme, que je suis trop jeune, qu’elle ne veut pas s’adresser à moi en cette capacité que j’occupe », déclare Dominique Dupuy, qui doit faire face à des préjugés liés au genre, à l’âge, mais aussi à l’origine sociale. 

Ces murs, ces cloisons, elle va les dépasser grâce à sa ténacité, son refus d’accepter « non » comme réponse, mais aussi l’appui d’autres personnes. « Je ne pouvais pas le faire seule. Ce qui m’a aidé, c’est le fait d’avoir su détecter très tôt les gens auxquels je pouvais faire confiance. Parce que le piège pour une jeune femme qui se retrouve en difficulté, soit personnelle, soit professionnelle, c’est d’être la proie de gens qui promettent de soi-disant l’aider. Je ne sais pas nécessairement comment, mais j’estime que le premier conseil est de bien tisser la relation que l’on va développer avec cette personne qui va potentiellement vous soutenir, pour ne pas rentrer dans un engrenage de relation malsaine, de relation transactionnelle, des situations auxquelles beaucoup de jeunes femmes se retrouvent confrontées », conseille-t-elle.  « J’ai en tête tellement de noms, tellement de gens qui ont tout fait pour me casser, pour me décourager, pour me dire que c’était impossible, qu’il fallait fermer, que je devais vendre à la perte, qu’ils devaient devenir actionnaires pour m’aider… Toutes les solutions qui me rappelaient que je ne suffisais pas, que ma sœur ne suffisait pas, que c’était un défi qui ne nous était pas permis… Mais j’ai tenu bon. Je savais que si je n’arrivais pas à avancer on perdrait tout. Et quand on a tout à perdre et tout à gagner, on joue à chaque interaction ».

« Puisque je savais que l’on me trouvait trop jeune, que l’on doutait de ma capacité, je m’assurais d’impressionner dans ma préparation. J’aime toujours préparer mon combat, préparer ma stratégie, mes arguments, avoir une idée claire et précise en tête, pouvoir articuler, défendre et laisser très peu de marge à celui qui m’écoute pour qu’il puisse refuser. Je suis peut-être une très mauvaise vendeuse, mais je peux convaincre », explique Dominique Dupuy, qui, un peu plus tard, mettra son expertise comme assistante de recherche pour l’Université Notre-Dame de l’Indiana pour laquelle elle mettra sur pied un programme d’appui psycho-social aux mères haïtiennes défavorisées.

Puisque je savais que l’on me trouvait trop jeune, que l’on doutait de ma capacité, je m’assurais d’impressionner dans ma préparation. J’aime toujours préparer mon combat, préparer ma stratégie, mes arguments, avoir une idée claire et précise en tête, pouvoir articuler, défendre et laisser très peu de marge à celui qui m’écoute pour qu’il puisse refuser. Je suis peut-être une très mauvaise vendeuse, mais je peux convaincre »

Madame l’Ambassadeur

Rêvait-elle d’occuper une telle fonction dès l’enfance ? L’ancienne élève des sœurs de Saint-Joseph de Cluny ne dit pas le contraire. « Je me souviens petite avoir dit à ma maman que j’aurais aimé être ambassadeur. Je me rappelle qu’elle m’avait répondu, qu’on n’étudie pas pour être ambassadeur mais qu’on le devenait, parce que l’on avait accompli quelque chose qui en valait la peine. Pour ma mère, il fallait avant tout que j’aie un socle académique solide. Puisque nous n’avions pas de tremplin social, elle nous instillait que sans éducation les portes ne s’ouvrent pas », raconte Dominique Dupuy.

Alors, quand l’opportunité d’être nommée à cette fonction s’est présentée, elle n’a pas longtemps hésité. « Tout me préparait pour en arriver là. Je sentais, à ce moment, que dans mon portefeuille j’avais les outils et la sensibilité nécessaires pour accompagner ce secteur en Haïti. J’avais cette prise de conscience du rôle que l’Unesco pourrait jouer en Haïti, et surtout comment je pourrais l’amplifier. À réaliser qu’à ce moment précis de ma carrière, tout ce que j’étais devenue, tout ce que j’avais, tout ce que j’étais, pouvait être au service de mon pays était une chose extraordinaire. Je ne sais pas comment vous exprimer ce qu’on ressent quand on a le sentiment d’être au bon endroit au bon moment et qu’on va pouvoir remplir le rêve et le devoir d’une vie. Ce rêve c’était vraiment que mon existence, ma contribution ait un impact positif sur les autres, et surtout sur les Haïtiens». 

Nommée en juillet 2020 comme déléguée permanente auprès de l’Unesco, elle débarque à Paris en novembre pour prendre ses fonctions et commencer ce travail qui lui tenait à cœur. « L’esprit qui anime ma présence à la délégation permanente est de lancer un signal de dignité, en tout et partout pour Haïti. Tous les actes que nous posons, tous les chantiers que nous entamons, c’est pour dire au monde, et à nous-mêmes, que nous pouvons garder la tête altière à travers les turbulences, garder notre dignité. Ça reste un signal très faible, un signal inefficace parfois, mais je continuerai, parce que je pense qu’il est capital que ceux qui le reçoivent gardent en souvenir que nous sommes un peuple noble, que nous pouvons encore nous réinventer. Ce qui est difficile, c’est de voir tout le monde répéter que nous ne valons plus rien, que toute notre fierté appartient au passé. Je ne veux pas le croire. Je suis sûre que nous pouvons retrouver cet élan et mettre notre pays sur les rails d’un vrai développement inclusif et durable, tel que nous l’aurons défini », explique madame l’ambassadeur.

Dominique Dupuy part aussi avec plein de projets en tête. « Je m’interroge un peu sur le fait que du jour au lendemain, on se retrouve en manque de modèles positifs. C’est à croire que depuis la révolution et les quelques années qui ont suivi, nous nous sommes tus face aux défis contemporains auxquels nous faisons face. Nous n’avions, pour cette génération, rien qui soit nôtre qui puisse nous propulser à l’universel. Pas de grande star du NBA ou de prix Nobel par exemple, comme si nous ne pouvions exister dans ce monde que par les images négatives qui sont véhiculées un peu partout. Plus je pensais, plus je devenais obsédée par l’idée que nous devrions agir pour dire au monde que nous existons et comment… Les efforts pour inscrire la soupe au patrimoine culturel immatériel de l’humanité s’inscrivent dans ce besoin-là », confie celle qui a été élue au Conseil exécutif de l’Unesco peu de temps après son arrivée à la délégation. 

« Être diplomate vient avec énormément de prestige, mais beaucoup de frustrations aussi. Le réveil n’est pas facile tous les matins, et la force, on ne la sent pas avec la même intensité chaque jour. Mais je m’interdis de faire dans la complaisance ou de prendre pour acquis les privilèges qui me sont attribués de par ma fonction. J’ai un sens du devoir très aigu et je me donne pleinement à mon travail, du matin jusqu’au soir. Je ne suis pas membre de la diaspora, je ne suis pas en exil. Je suis en mission. Mission… c’est le mot qui a le plus retenu mon attention. Je trouve que la diplomatie a tellement de solidarité avec le mot militaire, dans le sens que l’on s’engage par conviction, par patriotisme et par l’idée que l’on doit continuer le combat jusqu’à la victoire, ou la mort. J’ai un peu cette même vision, sans avoir été militaire. Je m’estime choisie divinement, nationalement et personnellement. Je crois que j’ai un rôle à jouer et ceci,jusqu’au dernier souffle », explique-t-elle, convaincue. 

Des vœux, mais aussi des actions

Dominique Dupuy est une femme d’action. Dynamique, c’est une battante qui surveille minutieusement son tableau de performance. Alors que la diplomatie haïtienne peine à supporter les objectifs nationaux ou politiques pour de multiples raisons tant conjoncturelles que structurelles, elle essaie de défricher des sentiers, d’innover. La « soup joumou » était son premier grand chantier. « La soupe pour moi était l’expression ultime de ce symbole fédérateur pour nous autres Haïtiens. Une ode à la liberté. Ce fil d’espérance, d’espoir, de solidarité, qui couvre le tissu social haïtien extrêmement fragilisé à présent. Je me dis que cette soupe, qu’on la boive avec une cuillère d’argent ou avec une cuillère en bois, elle évoque pour nous la même chose : la liberté ». 

Mais pour ce chantier qu’elle qualifie de « titanesque », elle peut compter sur des savoir-faire locaux, tels que le doctorant en patrimoine Ricarson Dorcé qui a travaillé jour et nuit sur ce projet, mais aussi des professeurs de l’Université d’État d’Haïti, de l’IERAH, plus précisément. «  L’accueil en Haïti était la satisfaction ultime. De dire que cette soupe, symbole de notre identité, de nos combats et de nos espérances, est élevée à l’échelle universelle, qu’elle peut entrer en conversation avec ces éléments, on ne parle plus de gastronomie et de culture, mais de reconnaissance d’un combat pour l’avancement de l’humanité et des peuples dans un registre qui prenne acte de ces contributions. Je suis très fière de tous ceux qui ont contribué sous mon leadership pour que ceci devienne réalité, alors même que l’on doutait par moments », avoue le chef de la délégation permanente de la République d’Haïti auprès de l’Unesco.

Très fière de nos ascendances africaines, elle obtient l’intégration d’Haïti au groupe Afrique de l’Unesco après un vote à l’unanimité. « C’était important pour moi de reconstituer les tissus de solidarité qui sont tellement nécessaires pour mener à bon port les dossiers que nous devons mener. « L’appui de nos frères africains donne du poids à toutes nos interventions, tous nos projets, aux côtés du Groupe de l’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC) bien entendu », avance cette stratège. Elle pourrait parler pendant des heures d’autres dossiers qu’elle porte. Son positionnement pour l’éducation dans la langue maternelle, la défense des droits linguistiques des créolophones, la soumission de la candidature de Catherine Flon comme personne ayant eu un impact dans l’histoire de l’humanité ou de celle de la première anthropologue haïtienne, Suzanne Comhaire-Sylvain, et à présent la cassave, comme élément du patrimoine culturel immatériel. 

Dans le cas de la cassave, c’est la première fois qu’Haïti s’est engagée dans un projet de soumission de candidature d’un élément du patrimoine culturel immatériel dans un effort régional. « C’était très important pour moi, après tous ces rapprochements avec l’Afrique, de dire que nous avons aussi cette appartenance commune avec le continent, que nous avions ce patrimoine millénaire qui nous vient des Taïnos, mais qui ne nous est resté que grâce à nos ancêtres africains. Les personnes mis en esclavage ont joué ce rôle clé de préservation et de transmission. C’était important de s’assurer que ce rôle-là soit articulé, pour empêcher tout risque d’invisibilisation des populations qui avaient participé et qui continuent à participer à la préservation de cet élément. On espère qu’il sera inscrit sur le prochain cycle en 2024 »

Mais comment continuer à parler de patrimoine culturel immatériel quand dans l’Haïti qu’elle représente, la grande majorité de la population peut à peine réaliser le primum vivere. Elle en a conscience. « Je suis toujours dans le souci de ne pas être déphasée avec la réalité du pays. Ma crainte, et ça c’est un aveu personnel, c’est qu’en étant trop dans l’action, en faisant des choses tout le temps qui soient dans le rayonnement, les gens pensent que je suis dans un monde complètement parallèle et que je ne me rends pas compte qu’il y a 4 ou 5 millions de gens en situation précaire dans mon pays. Mais ces turbulences, ce moment de douleur, que je partage de façon viscérale avec mon peuple et mon pays, ne peut pas justifier ma paralysie ou mon inaction ». 

Vie personnelle et vie professionnelle, un équilibre fragile 


« Cette proactivité, ce dynamisme que l’on connait vient avec un coût », avance tout de go cette femme de 33 ans, mère d’une fille de quatre ans et épouse. « Je peux vous dire que quand le travail prend beaucoup d’espace, il n’en reste pas beaucoup pour les autres chapeaux. Mais c’est un choix. » Comme beaucoup d’autres femmes qui cherchent à briser le plafond de verre, il y a des moments de questionnement, de remise en question, et la nécessité d’un partenariat avec le compagnon de vie. « Je me demande souvent si une femme peut tout avoir. Être épanouie, avoir une famille heureuse, une belle carrière… La réponse c’est que j’ai tout, mais je ne peux pas tout avoir dans la même capacité en même temps. C’est un jonglage permanent. C’est un cocktail de sacrifice. Il y a toujours quelque chose à sacrifier. À ce stade de ma vie, la priorité pour moi, c’est ma carrière, c’est le service. Je ne pense pas que je pourrai le faire chaque année, mais c’est ce que je fais pour le moment ».

À la tâche, elle n’est pas seule. « J’ai la chance d’avoir un partenaire, un Haïtien lui aussi, patriote lui aussi, qui respecte mon choix et qui est devenu mon pilier dans l’éducation de ma fille. Ce n’est pas un acquis, il y a très peu d’hommes qui auraient mis en veilleuse leur vie professionnelle, qui allait pourtant bon train, pour m’épauler. À chaque fois que l’on voit mes réussites, j’ai envie de dire que c’est un peu grâce à lui. C’est mon premier conseiller dans ma mission, la personne que je consulte, qui reçoit mes doléances et qui m’aide à me ressourcer », explique-t-elle.

Entre sa famille et le travail, Madame a très peu de temps libre. Surtout dans les périodes où elle doit faire les suivis avec la capitale. Pas le loisir de faire la fête, le tour des musées, ou un peu de tourisme. Ce sera pour une prochaine fois, se dit-elle. Mais elle ne se plaint pas. C’est le rythme qu’elle a choisi. De temps à autre, elle se réfugie dans la vie d’autres femmes de pouvoir à travers les bibliographies, mémoires, les portraits qu’elle dévore pour se défaire un peu de ce sentiment de culpabilité. Mais elle ne se plaint pas. « Je ne suis pas sûre que je recommanderais, mais c’est mon choix », dit l’ambassadrice. 

Celle qui porte la voix d’Haïti au sein de cette prestigieuse organisation multilatérale se donne un satisfecit. « Tout ce que j’ai projeté, manifesté, visualisé, je l’ai réalisé. Je pense que je pars d’une base de vérité avec moi-même, je ne me mens pas. Je reste fidèle à ce qui est mon essence. Et mon essence aujourd’hui est de servir mon pays. Cependant, nous sommes différents. Chacun doit suivre son propre chemin. Mais la vérité pour soi-même et le bien pour les autres, ce sont les éléments d’une recette pour réussir. »

Alors que l’auberge familiale bat de l’aile, les choses ne sont guère faciles pour cette femme qui doit tout faire pour redresser la situation financière. « La  première réalité est que je retourne en Haïti comme jeune femme provinciale, qui se retrouve en tête d’une entreprise dont la situation financière est assez difficile. C’est un milieu dominé par les hommes. Ce qui va me frapper, c’est le nombre de portes qui vont être claquées à mon nez en me disant que si mon papa n’est pas présent, on ne peut pas me recevoir, par exemple. À 22 ans, je vais être confrontée au fait que j’ai les responsabilités d’un homme de 40 ans, mais que la société ne veut pas me voir comme telle. La société me rappelle sans cesse que je suis une femme, que je suis trop jeune, qu’elle ne veut pas s’adresser à moi en cette capacité que j’occupe », déclare Dominique Dupuy, qui doit faire face à des préjugés liés au genre, à l’âge, mais aussi à l’origine sociale. 

Ces murs, ces cloisons, elle va les dépasser grâce à sa ténacité, son refus d’accepter « non » comme réponse, mais aussi l’appui d’autres personnes. « Je ne pouvais pas le faire seule. Ce qui m’a aidé, c’est le fait d’avoir su détecter très tôt les gens auxquels je pouvais faire confiance. Parce que le piège pour une jeune femme qui se retrouve en difficulté, soit personnelle, soit professionnelle, c’est d’être la proie de gens qui promettent de soi-disant l’aider. Je ne sais pas nécessairement comment, mais j’estime que le premier conseil est de bien tisser la relation que l’on va développer avec cette personne qui va potentiellement vous soutenir, pour ne pas rentrer dans un engrenage de relation malsaine, de relation transactionnelle, des situations auxquelles beaucoup de jeunes femmes se retrouvent confrontées », conseille-t-elle.  « J’ai en tête tellement de noms, tellement de gens qui ont tout fait pour me casser, pour me décourager, pour me dire que c’était impossible, qu’il fallait fermer, que je devais vendre à la perte, qu’ils devaient devenir actionnaires pour m’aider… Toutes les solutions qui me rappelaient que je ne suffisais pas, que ma sœur ne suffisait pas, que c’était un défi qui ne nous était pas permis… Mais j’ai tenu bon. Je savais que si je n’arrivais pas à avancer on perdrait tout. Et quand on a tout à perdre et tout à gagner, on joue à chaque interaction ».

« Puisque je savais que l’on me trouvait trop jeune, que l’on doutait de ma capacité, je m’assurais d’impressionner dans ma préparation. J’aime toujours préparer mon combat, préparer ma stratégie, mes arguments, avoir une idée claire et précise en tête, pouvoir articuler, défendre et laisser très peu de marge à celui qui m’écoute pour qu’il puisse refuser. Je suis peut-être une très mauvaise vendeuse, mais je peux convaincre », explique Dominique Dupuy, qui, un peu plus tard, mettra son expertise comme assistante de recherche pour l’Université Notre-Dame de l’Indiana pour laquelle elle mettra sur pied un programme d’appui psycho-social aux mères haïtiennes défavorisées.

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